Echos de la Profession

En direct du terrain :    Intimidations, menaces, loi du silence



L’Omertà ! ! ! !

Les méthodes utilisées pour la distribution de la presse ont fait l’objet, de notre part, d’une information la plus large possible auprès des journaux. Aux journaux, dits d’investigation, nous avons proposé d’étudier nos dossiers. Pas un n’a eu " l’audace d’aborder le sujet ". La presse, d’ordinaire si prompte à ouvrir certains dossiers, à dévoiler les mises en examen avant qu’elles aient lieu, à décortiquer les liens éventuels entre personnes mises en cause, a choisi de cacher les méthodes qui sont utilisées pour sa propre distribution et d’ignorer la situation judiciaire concernant la distribution de la presse.

L’omertà règne sur ce système, les mises en examen ou le renvoi en correctionnelle, de responsables des messageries : c’est secret.

Beaucoup de victimes préfèrent également se taire de peur d’une résiliation de contrat pour un motif futile.

D’autres ont conservé l’esprit de résistance, se battent, informent et témoignent.

Les témoignages ci-dessous peuvent s’enrichir du vôtre n’hésitez pas à le communiquer.

Dans nos premiers témoignages, on retrouve un même phénomène : livraisons dépassant fortement le potentiel de vente et absorbant la trésorerie. Refus d’adapter le volume des livraisons au prétexte que les quantités sont fixées par les éditeurs . Enfin lorsque la trésorerie ne permet plus de payer à temps : coupure brutale des livraisons, sans se préoccuper cette fois des services " prévus par les éditeurs ".

Les Cas réels
 

La Maison de la Presse à Aix en Provence :

Ce point de vente, le plus important de la ville, situé sur le célèbre cours Mirabeau, a subi pendant plusieurs mois une situation de trésorerie désastreuse du à des livraisons abusives sans rapport avec les ventes.

Afin d’éviter le pire, le gérant a été conduit à renoncer à la presse, sacrifiant ainsi son investissement initial.

L’activité a été diversifiée et la situation est redressée ... sans la presse.

Le gérant de la maison de la Presse a pris une mesure préventive, étant averti de la suite des évènements par des précédents de coupure sur Aix en Provence.

Est-ce ainsi que l’on veut améliorer la densité du réseau ? Quel organisme professionnel a su tirer les conséquences d’un tel gâchis !
 
 

La Maison de la Presse de Nancy.

Encore une situation exemplaire.

Cette MdP a été acquise par un ancien salarié des NMPP dans le cadre d’un plan social financé sur fonds publics. L’ancien propriétaire c’est les NMPP. Le nouveau propriétaire a reçu la MDP clé en main : compte provisionnels, prévisions des ventes, investissements déjà établis. Le fournisseur, c’est le dépôt de Nancy, dépendant des NMPP.

Après plusieurs alertes écrites, le gérant n’a pu obtenir l’adaptation des livraisons à son potentiel des ventes.

En vertu, lui était-il dit, du fait que les quantités sont fixées par les Editeurs..

Ce qui devait arriver arriva : la maison de la Presse de Nancy n’a pu payer certains relevés. Alors la sanction a été immédiate : plus de livraison. On ne pouvait pas diminuer en fonction des ventes, mais passer à zéro, sans se soucier cette fois de l’avis des éditeurs, il n’y a aucun problème.

Bien entendu, la maison de la presse de Nancy a été conduite au dépôt de bilan.

Son gérant continue aujourd’hui son exploitation en diversifiant son activité sans la presse. Mais la coupure brutale le met dans une situation difficile.
 
 

La Londe (Var)

Là encore on rencontre une dérive des livraisons qui conduit à une rupture des paiements.

Les sommes réclamées sont couvertes par les publications livrées en excédent. Non seulement on arrêtera les livraison, mais encore on essaiera de faire signer à l’intéressée une reconnaissance de dette qui n’existe pas puisque les publications ne sont qu’en dépôt et demeure la propriété des éditeurs.

Le dépôt de bilan a été prononcé.
 
 

Presse étrangère en Bretagne

Un distributeur Anglais se propose de livrer les journaux Anglais aux points de vente au jour J et avec une rémunération équivalente à celle du Royaume Uni, c’est à dire 20%. Ce qui semble bien naturel au sein de l’Union Européenne. Beaucoup de diffuseurs ont accepté cette offre. Pour la contrer, subitement des dépositaires officiels se sont résignés à livrer également au jour J.

Mais c’était toucher gravement au sacré saint monopole du réseau officiel. Alors la machine se met en marche. On fait bien comprendre aux diffuseurs qui ont accepté l’offre anglaise que cette situation n’est pas conforme à leur fameux contrat de diffuseur. Ce que beaucoup ont compris comme étant une menace de résiliation.

Alors certains ont dénoncé leurs accords avec le distributeur Anglais, ce qui a conduit ce dernier à annuler sa tournée en Bretagne, et tout est " rentré " dans l’ordre, les journaux anglais sont à nouveau livrés à J+1 par les dépositaires officiels. Tout cela, bien sûr, au nom de la liberté de la presse. Sans doute, cette liberté n’est pas due à tout le monde !
 
 

La Distribution de Marianne

Marianne, avait décidé de quitter les NMPP pour les MLP au 13 décembre 1999.

C’est une décision, qui, dans le cadre de la loi de 1947, ne peut souffrir la moindre contestation.

C’était, dans le cadre, de l’équilibre entre les différentes Messageries, un succès pour les MLP.

Et pourtant, à quelques jours de l’échéance, les MLP ont demandé le renvoi de cette décision, en mentionnant, selon le Monde du 8 décembre 1999, les " menaces persistantes pesant sur notre coopérative et ses éditeurs " et faisant état, de " la campagne orchestrée de façon tendancieuse autour de ce projet [qui] révèle une tentative multiforme de déstabilisation de l’entreprise MLP et fait craindre des actes délictueux contre elle-même ou son client et coopérateur "

C’est, en soi, assez extraordinaire.

Un journal, dont on nous dit qu’il est maître de sa diffusion, peut révéler, s’il envisage de modifier sa distribution, un climat de pressions et de menaces.

La distribution de la presse, dont la liberté est en principe assurée par la loi Bichet, dont tout le monde se gargarise, vit, en fait, de l’aveu même de l’une des messageries, sous le régime de la menace.

De telles constations dans tout autre secteur, aurait soulevé un tollé, largement couvert par ....les journaux. Mais lorsqu’il s’agit de la presse, c’est la loi du silence.

Quelques entrefilets ont annoncé la nouvelle sans le moindre débat, et sans ouvrir de dossier. Les menaces et la loi du silence, dans la distribution de la presse c’est du quotidien, rien de plus normal.
 
 

Rapport sur la Distribution de la presse.

Suite à la tension nouvelle entre les NMPP et les MLP, la Ministre de la Culture et de la Communication a demandé un rapport au Conseiller d’Etat Jean Claude Hassan. Ce rapport a été remis en janvier 2000.

Comme d’autres organismes, notre association, a souhaité être entendue et présenter son point de vue.

Monsieur Hassan n’a pas souhaité nous recevoir car il ne " pouvait recevoir tout le monde ". Nous lui avons transmis le texte de nos 6 propositions pour assainir la distribution de la presse.

La lecture du rapport confirme l’impression laissée lors d’une conversation téléphonique avec le rapporteur. Monsieur Hassan se sentait concerné par les problèmes d’organisation de la distribution de la presse et non par les " problèmes quotidiens ". La difficulté est que la limite est souvent subjective. Ainsi, le contenu du rapport est limité par la méthode qui reste théorique et très loin de la réalité du terrain. En particulier, il ne nous est pas apparu que Monsieur Hassan ait perçu les abus sur la trésorerie des diffuseurs qui découlent directement de l’organisation actuelle de la distribution. Une simple vérification sur le terrain est bien plus significative que l’étude sur dossier. Il ne semble pas non plus qu’il ait pris la mesure des rapports contractuels déséquilibrés qui sont imposés et qui confortent la position dominante des NMPP. Enfin, l’omniprésence des NMPP à tous les niveaux de la distribution : du Conseil Supérieur des Messageries de Presse aux points de ventes, en passant par les dépôts, organisme de formation, société de transactions de fonds de commerce, société de promotion ou de fournitures et équipements, semble lui avoir échappé alors que c’est un des éléments importants de l’organisation actuelle de la distribution.
 


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